Par Franck OLIVIER – Conseiller Municipal à SAGY de 2014 à 2020
Citoyen de proposition

Sagy : Aléa retrait-gonflement des sols argileux : rapport BRGM juillet 2004

Sagy : Aléa retrait-gonflement des sols argileux : rapport BRGM juillet 2004

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Au quotidien «Regard sur Sagy» continue à vous informer sur la page du Journal Citoyen : https://www.regard-sur-sagy.fr/journal-des-59/

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A la dernière commission « Comité voirie et réseaux » du mardi 2 décembre 2014 a été évoquée entre autres la question des sources sur la place de Saillancourt, localement des habitants s’inquiètent des problèmes d’instabilité du sous-sol.

D’après la mémoire locale : « Lors de la construction du tout à l’égout, dans le virage à hauteur de la place de Saillancourt, la première entreprise ayant commencé les tranchées avait dû arrêter le chantier vu le risque de fluage du terrain qui menaçait les maisons riveraines. Une seconde entreprise, mieux équipée, avait alors pris le relais et posé des contreforts ».

De même les sources ne sont pas visibles mais restent apparemment identifiables : un filet d’eau venant de la première s’écoule en permanence dans le réseau d’eaux pluviales, l’autre débouche dans un regard sur la place avant de se perdre dans la nappe phréatique qui est localement à moins d’un mètre de profondeur (http://laboutonnieredesaillancourt.over-blog.com/article-des-nouvelles-de-la-source-de-saillancourt-123912593.html, http://www.oasisdepaix.fr/?p=922).

Pour expliquer l’origine de l’instabilité du terrain aux abords de la place de Saillancourt il est utile de se référer à un rapport de 164 pages paru il y a plus de dix ans et librement accessible sur internet. Que nous apprend ce rapport intitulé : Cartographie de l’aléa retrait-gonflement des sols argileux dans le département du Val-d’Oise ?

Aléa retrait-gonflement des argiles

Ci-dessous des extraits du rapport final BRGM/RP-52598-FR juillet 2004 – DOCUMENT PUBLIC

Le BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières) est l’établissement public de référence dans les applications des sciences de la Terre pour gérer les ressources et les risques du sol et du sous-sol.

« Les phénomènes de retrait-gonflement de certaines formations géologiques argileuses affleurantes provoquent des tassements différentiels qui se manifestent par des désordres affectant principalement le bâti individuel.

19 formations géologiques argileuses et marneuses affleurent sur le territoire du Val-d’Oise, dont les “Argile plastique et Fausses glaises sparnaciennes(dénommé e3 sur la carte géologique et “e4SS-FG-AP Fausse Glaise – Argiles Plastique” dans le rapport BRGM ) qui couvrent environ 26,19 km² ».

–> Les “argiles plastiques sparnaciennes” (e3 sur la carte géologique) sont les terrains sur lesquels reposent les habitations situées autour de la Place de Saillancourt.

Carte géologique de Saillancourt

« Selon des critères mécaniques, les variations de volume du sol ou des formations lithologiques affleurantes à sub-affleurantes sont dues, d’une part, à l’interaction eau/solide, aux échelles microscopiques et macroscopiques, et, d’autre part, à la modification de l’état de contrainte en présence d’eau. Ces variations peuvent s’exprimer soit par un gonflement (augmentation de volume), soit par un retrait (réduction de volume). Elles sont spécifiques de certains matériaux argileux, en particulier ceux appartenant au groupe des smectites ».

–> Les “argiles plastiques sparnaciennes” sont caractérisées par la présence exclusive de smectites donc sensibles au phénomène de retrait-gonflement.

« Ces mouvements sont liés à la structure interne des minéraux argileux qui constituent la plupart des éléments fins des sols (la fraction argileuse étant, par convention, constituée des éléments dont la taille est inférieure à 2 µm). Ces minéraux argileux présentent en effet une structure en feuillets, à la surface desquels les molécules d’eau peuvent s’adsorber, sous l’effet de différents phénomènes physico-chimiques, provoquant ainsi un gonflement, plus ou moins réversible, du matériau. Certaines familles de minéraux argileux, notamment les smectites et quelques interstratifiés, possèdent de surcroît des liaisons particulièrement lâches entre feuillets constitutifs, si bien que la quantité d’eau susceptible d’être adsorbée au cœur même des particules argileuses, peut être considérable, ce qui se traduit par des variations importantes de volume du matériau ».

–> Ces terrains sont constitués d’argiles saturées d’eau, le risque de déstabilisation intervient si les argiles perdent une partie de leur eau.

« Parmi les facteurs de prédisposition, les conditions hydrogéologiques constituent des facteurs environnementaux régissant les conditions hydrauliques in situ. Or, la présence d’une nappe phréatique rend plus complexe le phénomène de retrait gonflement. En effet, les conditions hydrauliques in situ (teneur en eau et degré de saturation) varient dans le temps, non seulement en fonction de l’évapotranspiration (dont l’action est prépondérante sur une tranche très superficielle de l’ordre de 1 à 2 m d’épaisseur), mais aussi en fonction des fluctuations de la nappe éventuelle (dont l’action devient prépondérante en profondeur). Ces variations hydriques des sols se traduisent, pour des formations argileuses sensibles, par des variations de leurs caractéristiques mécaniques ».

–> Les caractéristiques mécaniques de la formation argileuse, liées à sa saturation en eau, représentent sa résistance à supporter la charge du bâti.

« La présence d’une nappe permanente à faible profondeur permet généralement d’éviter la dessiccation de la tranche de sol superficielle. Inversement, un rabattement de cette nappe (sous l’effet de pompages ou d’un abaissement généralisé du niveau), ou le tarissement naturel des circulations d’eau superficielles en période de sécheresse, aggrave la dessiccation de la tranche de sol soumise à l’évaporation ».

« Des facteurs anthropiques peuvent être des facteurs de déclenchement. En effet, les travaux d’aménagement, en modifiant la répartition des écoulements superficiels et souterrains, ainsi que les possibilités d’évaporation naturelle, sont susceptibles d’entraîner des modifications dans l’évolution des teneurs en eau de la tranche superficielle de sol. En particulier, des travaux de drainage réalisés à proximité immédiate d’une maison peuvent provoquer des mouvements différentiels du terrain dans le voisinage. Inversement, une fuite dans un réseau enterré peut entraîner un mouvement consécutif à un gonflement des argiles de l’encaissant ».

–> Un forage qui percerait la base des “argiles plastiques sparnaciennes“, créerait de facto un drainage local modifiant les caractéristiques mécaniques de la formation.

« En conclusion est considéré comme présentant un niveau d’aléa fort : les Argiles plastiques et Fausses glaises sparnaciennes dont les affleurements couvrent environ 26,19 km² dans le département. Les différentes formations classées en aléa fort représentent à l’affleurement une surface totale estimée à moins de 6 % de la superficie urbanisée totale du département, alors qu’environ 16 % des sinistres recensés s’y sont produits (209 sur un total de 1 328) ».

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Concernant le problème de la circulation de plus en plus importante à Saillancourt, outre la question essentielle de sécurité, les passages continus de lourdes charges ont une conséquence directe sur l’instabilité du sous-sol car les “argiles plastiques” saturées en eaux, se déstructurent (se fluidifient) lorsqu’elles sont placées sous contrainte, pour ne revenir à l’état initial que si elles sont laissées au repos pendant une certaine durée (phénomène de thixotropie). Les vibrations et cisaillement, générés par le trafic routier, sans possibilité d’atteindre une réversibilité étant donné la fréquence de la contrainte, est une cause importante de déstructuration de la formation argileuse. Le phénomène de déstructuration est non seulement permanent mais s’amplifie au fur et à mesure que la circulation automobile s’accroît.

–> La reconnaissance de ces particularités mécaniques de la formation d’ “argiles plastiques ” devrait conduire à prendre rapidement des mesures pour limiter la charge et la fréquence du trafic routier traversant le hameau de Saillancourt.

Le forage réalisé à Saillancourt les 6 & 7 janvier 2014 a carotté les “argiles plastiques du Sparnacien” sur plus de 15 mètres.

Forage SC1 (7)

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