Par Franck OLIVIER – Conseiller Municipal à SAGY de 2014 à 2020
Citoyen de proposition

La pierre de Saillancourt identifiée sur le chantier de Notre-Dame de Paris

Samedi 4 mars la chaîne ARTE proposait 3 documentaires sur le thème « Notre-Dame de Paris, le chantier du siècle ».

Dans la première partie de ce documentaire (à la minute 46:45) se pose la question de l’origine de la pierre utilisée pour la construction des arcs diagonaux. Lise Leroux, ingénieure de recherche au LRMH (Laboratoire de Recherche des Monuments Historiques), spécialiste de l’identification des pierres en œuvre dans le patrimoine bâti et la sculpture, est chargée de l’analyse d’un échantillon prélevé sur un claveau  d’un arc diagonal.

« L’étude microscopique du faciès révèle des micro fossiles caractéristiques (Orbitolites complanatus) et des minéraux. Cette pierre vient du Vexin, mais pour affiner l’origine Lise Leroux dispose d’une lithothèque : une bibliothèque comprenant plus de 6000 échantillons de référence prélevés sur les monuments et dans les carrières, une véritable carte géologique des monuments de France. Son expertise la conduit à comparer l’échantillon à ceux de la carrière de Saillancourt à Sagy ».

à voir de 46:45 à 49:45  https://www.arte.tv/fr/videos/103501-001-A/notre-dame-de-paris-le-chantier-du-siecle-1-3/

 

Le claveau carotté en vue de réaliser des lames minces

L’étude au microscope d’une lame mince

La lithothèque

Investi dès le mois de mai 2019 dans le tri des décombres, le LRMH a participé activement à la sauvegarde des éléments tombés des voûtes, de la charpente historique et de la flèche. Avec l’Institut National d’Archéologie Préventive (INRAP) et le Service Régional de l’Archéologie (SRA), le LRMH a mis en place une méthodologie de tri, de classement et d’inventaire des décombres dans le but de les étudier et pour certains de les réutiliser lors de la phase de restauration. Le Laboratoire conseille la maîtrise d’œuvre et l’établissement public sur le diagnostic des voûtes et les méthodes de nettoyage de la cathédrale.

Le choix d’isoler les éléments pouvant aider directement le projet de restauration a conduit à distinguer plusieurs catégories :

les éléments d’architecture, sélectionnés par les architectes en chef des monuments historiques pour être réemployés dans la restauration ou utilisés pour la documenter (près de 200 palettes de pierres et 150 palettes de pièces métalliques)

les vestiges, susceptibles de présenter un intérêt pour la recherche ou pour une utilisation muséographique future : 600 palettes d’éléments lapidaires, 350 palettes d’objets métalliques (crêtes de faîtage, tiges boulonnées, éléments d’engrenage de l’horloge…), plus de 10 000 pièces de bois dont 3 000 proviennent des amas au sol et près de 7000 issus des extrados des voûtes;

les déchets (rebuts de tri), sans intérêt pour la restauration ni pour la recherche, encore conservés à l’heure actuelle mais qui seront, à terme, éliminés.

Mais pour des raisons techniques et économiques c’est dans les carrières de l’Oise en activité que seront taillés les futurs claveaux.

Première partie (53 minutes) :

https://www.arte.tv/fr/videos/103501-001-A/notre-dame-de-paris-le-chantier-du-siecle-1-3/

La quête de la hauteur : Le 15 avril 2019,  sous la toiture de Notre-Dame de Paris naît un incendie qui va durer 15 heures, consumer la toiture et provoquer l’effondrement de la flèche. Dès le lendemain, huit groupes de travail, dont quatre portant sur l’étude des matériaux (bois, métal, pierre et verre), se constituent pour enrichir les connaissances sur le bâti de Notre-Dame et des cathédrales médiévales en général, et apporter des informations utiles à la restauration de l’édifice. Confrontés à une recherche d’une ampleur inédite, ils s’attaquent à l’étude d’un arc médiéval de la nef effondrée. Pendant plusieurs mois, ils collectent, organisent et analysent la structure des centaines de blocs tombés des voûtes afin de comprendre leur agencement.

Deuxième partie (52 minutes) :

https://www.arte.tv/fr/videos/103501-002-A/notre-dame-de-paris-le-chantier-du-siecle-2-3/

L’harmonie des forces : Edifiée sur l’île de la Cité au XIIe siècle, Notre-Dame est au moment de sa construction la plus haute cathédrale de la chrétienté. Par ses dimensions, la finesse de ses maçonneries et la forme de ses arcs-boutants, elle marque l’entrée de l’architecture gothique dans une nouvelle ère, faisant d’elle un gigantesque vaisseau de pierre où la matière s’efface devant l’espace. Ce chef-d’œuvre d’harmonie et d’équilibre a été bouleversé par l’incendie. La flèche s’est effondrée sur les voûtes en les brisant au niveau du transept et de la nef. Quant à la toiture en plomb et à la charpente, disparues dans les flammes, elles ont cessé de peser sur les murs, perturbant la stabilité de l’édifice. Pourtant, malgré ses fractures, la cathédrale ne s’est pas effondrée. Comment expliquer la résistance de Notre-Dame ?

Troisième partie (53 minutes) :

https://www.arte.tv/fr/videos/103501-003-A/notre-dame-de-paris-le-chantier-du-siecle-3-3/

La fabrique du siècle : Le matériel et l’immatériel contribuent à la grandeur d’un monument sacré. Notre-Dame constituait un miracle de structure et de proportions, mettant en scène la hauteur, la lumière et l’acoustique. Avant d’entamer la pose d’un gigantesque échafaudage de plus de 96 mètres de haut, les architectes doivent s’assurer de la solidité des fondations. Une occasion unique pour les archéologues de l’Inrap de les explorer grâce à un robot télécommandé : centimètre par centimètre, un géo-radar va scanner deux jours durant l’intégralité du sol de la cathédrale. Se révèlent alors un sarcophage de plomb, inhumé vraisemblablement au XIVe siècle, et, enfouis au pied du chœur, les vestiges de plus de deux cents blocs et fragments de sculptures polychromes. Bientôt, un second sarcophage est découvert.

Actuellement deux expositions retracent l’histoire et l’actualité de Notre Dame de Paris :

  • l’une, sur le Parvis de la cathédrale
  • l’autre, à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine, 1 Pl. du Trocadéro et du 11 Novembre, 75116 

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Pour en savoir plus sur Orbitolites complanatus

« La mer submerge les anticlinaux de La Chapelle-en-Vexin, de Vigny, de Beynes, de Meudon et de l’Orxois; ils forment des hauts-fonds marins d’une extraordinaire richesse en faune, encore aujourd’hui parfaitement conservée.

Il est merveilleux de découvrir dans les faluns calcaires dépourvus de diagenèse, vieux de 45 millions d’années, des fossiles d’une extraordinaire finesse et fragilité, ayant parfois gardé leur couleur, dans le même état que les coquillages que vous pouvez ramasser sur la plage. Ces faluns sont formés d’une accumulation de débris de coquilles et de très nombreux foraminifères, dont les plus abondants sont les milioles (petit foraminifère de la taille d’un grain de millet), associées à Orbitolites complanatus, un autre foraminifère en forme de disque plat d’un à deux centimètres de diamètre. Ces foraminifères vivent fixés sur de grands herbiers, hauts parfois d’une dizaine de mètres, véritables prairies sous-marines qui se développent sur les fonds marins baignés par la lumière du soleil. »

Saga Information – N° 284 – Février 2009 – LE LUTÉTIEN Une période charnière dans l’histoire du Bassin Parisien. Par Jean-Pierre Gély. Attaché du Muséum national d’Histoire naturelle de Paris.

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