Par Franck OLIVIER – Conseiller Municipal à SAGY de 2014 à 2020
Citoyen de proposition

RÉTRO-2023 : les véhicules utilisés par les sapeurs-pompiers dans la lutte contre les feux de forêts

RÉTRO-2023 : les véhicules utilisés par les sapeurs-pompiers dans la lutte contre les feux de forêts

https://agriculture.gouv.fr/lutte-contre-les-feux-de-foret-proteger-les-populations-les-biens-et-lenvironnement

 

Pour cette RÉTRO-2023, REGARD-sur-SAGY partage une rétrospective des camions-citernes utilisés par les sapeurs-pompiers dans leur lutte contre les feux de forêts depuis l’après-guerre, et met en évidence les avancées techniques des engins les plus utilisés en France,  montrant l’efficacité des corps des sapeurs-pompiers et forestiers acquise au cours des 70 dernières années.

 

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Les températures ne cessent de grimper, la sécheresse sévit et la menace d’incendies de grande ampleur pèse de plus en plus lourdement. Au Canada, plus de 10 millions d’hectares de forêt et de prairie sont partis en fumée depuis ce printemps 2023, c’est l’équivalent d’un cinquième de la France hexagonale.

En France, le risque d’incendies ne concerne plus uniquement le massif forestier aquitain et les forêts méditerranéennes. Le déficit pluviométrique et les températures record constatés tant au nord qu’au sud généralisent les risques d’incendies estivaux sur tout le pays. En juillet 2022 par exemple, en Bretagne, le feu détruisait plus de 2 208 hectares soit 20 % du grand site Natura 2000 des monts d’Arrée. La même année, les incendies ont englouti 66 393 hectares de forêts, notamment en Gironde et dans le Jura.

En 2022, pour la seule Gironde, près de 30 000 hectares auront brûlé, un chiffre record depuis les grands incendies de 1949, 50 000 évacuations préventives effectuées, mais malgré l’ampleur des dégâts, seules quelques habitations seulement auront été détruites, les sites sensibles protégés, et aucune victime n’est à déplorer.

En 1949, le très grand feu de forêt du massif forestier des Landes, parti le 19 août de Saucats, supprima 50 000 hectares de forêts et fit un grand nombre de victimes parmi les sauveteurs, 82 personnes (des fonctionnaires des Eaux et Forêts encadrant des pompiers, des bénévoles — dont le maire de Saucats, Roger Giraudeau et 23 militaires du 33e régiment d’artillerie de Châtellerault).

A la fin de la seconde guerre mondiale, le matériel dont disposaient les sapeurs-pompiers se cantonnait à une centaine de jeeps, 36 half-tracks, une dizaine de GMC et quelques camions International porteur d’eau.

Après les grands incendies des Landes en 1949, l’efficacité dont ont fait preuve les quelques GMC engagés comme transporteur d’eau ouvre la voie à une large utilisation de ce châssis par les sapeurs-pompiers. On commence à reconsidérer les qualités de ce camion militaire, véritable bête de somme des troupes alliées durant la guerre.

Entre 1941 et 1945, date à laquelle la chaîne de montage a été arrêtée, il a été fabriqué 562 750 exemplaires de ce camion GMC.

(Quelques termes : SDIS : Service Départemental d’Incendie et de Secours, CCF : camion-citerne pour feux de forêts capable d’utiliser tous les types de routes et de se déplacer en terrain non aménagé, le CCFL pour léger qui emporte de 500 à 2000 litres d’eau servi par deux hommes au minimum, le CCFM pour moyen qui emporte de 2000 à 5000 litres d’eau et qui est armé par 4 hommes, le CCFS pour super qui transporte plus de 5000 litres).

Le GMC « allégé » avec une citerne de 2000 litres est équipé de pneus « basse pression » type « sable » ou « boue », en remplacement des pneus de type « combat ». La difficulté de manœuvre du volant, aggravé par les pneus « basses pression » larges, conduit à l’installation d’une assistance hydraulique de direction.

Le GMC Type Gironde est né.

Le coût réduit, la robustesse, l’unicité des modèles, l’interchangeabilité des pièces mécaniques ou des éléments de carrosserie ont fait du châssis GMC un incontestable succès. En 1987, on poursuivait l’équipement ou la rénovation de GMC et l’on en recensait 1000 à travers tout le territoire et 400 en 1993 rien que dans les Landes et la Gironde, avec des réformes programmées entre 1997 et 2000.

Compte tenu des bons services et des prix attractifs des engins issus des surplus, les constructeurs français restent longtemps réticents à développer des modèles spécifiques pour les services incendies, les pompiers ayant besoin d’engins de plus en plus performants avec des moteurs puissants. Au début des années 1960 les constructeurs de camions se tournent alors vers le diesel mais les pompiers, soutenus par l’administration préfèrent le moteur à essence. Il faut dire que leurs contraintes sont rudes : les fourgons doivent parcourir les 100 premiers mètres en moins de 15 secondes, atteindre 80 km/h en une minute et gravir une côte de 800 m en pente de 10% à la vitesse moyenne de 30 km/h. Seul le moteur à essence répond à ces caractéristiques. Les moteurs diesel ne sont pas aussi performants en cas d’utilisation à haut régime le moteur encore froid.

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1960 – SDIS Meurthe et Moselle

Au salon de l’Auto de 1953, le stand Berliet permet de découvrir un camion-citerne pour feux de forêts de type lourd sur un châssis GLB 4X4, équipé d’une citerne de 3000 litres.

Deux CCFL camion-citerne lourd pour feux de forêt sur Berliet GLB 4×4 sont acquis par le Service Départemental d’Incendie et de Secours de Meurthe-et-Moselle en 1960.

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1961 – SDIS Auvergne

Avec un moteur Hotchkiss-Lago à essence le Berliet GBK 18 CCF lourd est homologué le 15 décembre 1961 et sera construit en 115 exemplaires dans les usines Berliet à Courbevoie.

Afin de préserver le patrimoine des sapeurs-pompiers du Puy-de-Dôme, l’association « Les Gardes-Pompes », créée en 1999, restaure et entretient 140 engins qui couvrent la période de 1830 à 1980, avec une trentaine de membres et un énorme enthousiasme.

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1964 – SDIS Alpes Maritime

C’est le 24 novembre 1964 que sort des usines des « Établissements Pompes-Guinard » le CCFM camion-citerne moyen pour feux de forêts Guinard type C23 G 62 Citroën-Sinpar équipé d’une citerne de 900 litres. Mis en service dans le département des Alpes-Maritimes, le véhicule sera réformé en 1999, après 35 ans de service actif. Entièrement restauré il a rejoint la collection du Capitaine Alain Bertolo.

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1973 – SDIS Seine-et-Marne

Après maintes années de rude labeur, les innombrables GMC gréés en camions-citernes lourds pour feux de forêts (CCFL) sont à bout de souffle. Datant de la seconde guerre mondiale cette armada doit être remplacée. Belle opportunité pour Mercedes-Benz dont le modèle LAF 911 arrive à point nommé.

Il faudra attendre les années 1990 pour que les places extérieures soient interdites pour raison de sécurité sur les voitures de pompiers.

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1978 – Ville de Martigues Service Incendie

Si un décret de 1955 prévoit la création des services départementaux d’incendie et de secours (SDIS), il précise qu’il s’applique surtout pour les communes qui n’ont pas les moyens d’assurer leur propre sécurité en ce domaine. Ceci autorise les maires à équiper leur commune, et c’est en juin 1978 que la ville de Martigues se dote de deux Berliet L 64 8R 4×4 de lutte contre les feux de forêts. La ville de Martigues possède alors le seul centre de secours du département à disposer d’un groupe d’attaque de feux de forêt municipal. La capacité de 4500 litres d’eau du L 64 est sécurisée grâce à une évacuation, en cas de difficulté en hors chemin, pour libérer du poids et dégager le véhicule. Le canon à eau a été ajouté ultérieurement.

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1979 – SDIS Bouches-du-Rhône

A la fin des années 1960 et tout début des années 1970 apparaissent de nouveaux véhicules dont le châssis permet l’emport de plus de 2000 litres d’eau, capacité limite jusqu’alors autorisée, des camions feux de forêts “moyen” (CCFM).

Le département des Bouches-du-Rhône a acquis 80 exemplaires de l’Iveco-Unic 75PC équipé en camion-citerne “moyen” de lutte incendie de forêts. Cinq de ces camions sont attribués aux forestiers-sapeurs.

Les corps de sapeurs-pompiers forestiers sont créés en 1946, financés par l’État et dépendants de l’administration des Eaux et forêts. Puis la lutte contre les incendies de forêts est rattachée aux services départementaux d’incendie et de secours (SDIS) institués sous l’autorité de l’état et des collectivités territoriales, au grand dam de bon nombre de communes. Les maires considèrent en effet que la lutte contre les feux de forêts doit rester de la compétence des professionnels de la forêt et ne peut être confiée à un service considéré comme trop « urbain », habitué à gérer des feux d’immeubles !

L’action des forestiers-sapeurs consiste à limiter ou éviter la propagation des feux et faciliter l’intervention des sapeurs-pompiers, en cas d’incendie. Globalement, les travaux se concentrent sur l’accessibilité des camions feux de forêts au plus près des incendies (pistes et chemins), le ravitaillement en eau au cœur des forêts et au plus près des incendies (points d’eau naturels, forage), l’entretien de zones de protection auprès d’ouvrages particuliers. Débroussaillage, élagage, nettoyage… les forestiers-sapeurs sont à pied d’œuvre pour entretenir les équipements de DFCI (Défense des Forêts Contre les Incendies). Au cours de la saison estivale, les forestiers-sapeurs sont intégrés à l’ordre d’opération départemental feux de forêt, et à ce titre, participent à la surveillance et à la première intervention sur les départs de feux. Une patrouille armée est composée de 2 forestiers-sapeurs aux commandes d’un véhicule 4×4 équipé de 600 litres d’eau et du matériel hydraulique adapté (moto pompe, tuyaux…) tel que le camion-citerne Biro-Unic 75PC présenté ci-dessus.

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1982 – SDIS Drôme

Camion-citerne lourd pour feux forêt sur Renault VI 110.150 4×4 avec équipement « Sairep »

Ce CCF lourd est conservé par l’association Aspiro (Association de Sauvegarde du Patrimoine Incendie Reconditionné d’Origine) qui préserve, restaure et anime plusieurs engins anciens des sapeurs-pompiers de la Drôme.

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1984 – SDIS Dordogne

Avec l’acquisition de 37 camions Acmat de 1984 à 1996, le service départemental d’incendie et de secours de la Dordogne est un des plus importants clients de la firme en matière de véhicules incendie.

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1990 – SDIS Aude

Retour des camions-citernes de lutte contre les feux de forêts dits « lourds », à la fin des années 1980.

L’Aude est un des premiers départements à avoir fait l’acquisition d’un Brimont Apache – camion-citerne forestier “Super. La citerne, en polyester armé de fibre de verre, d’une capacité de 6000 litres. Sa forme en fer à cheval, épouse le châssis et maintient ainsi le centre de gravité de l’engin le plus bas possible.

L’autoprotection thermique du véhicule est assurée grâce à une aspersion d’eau via quinze buses réparties sur l’arceau extérieur autour de la cabine.

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2017 – SDIS Gironde

Unimog U 5023 – CCFS camion-citerne pour feux de forêt “Super” Elitt

Les arceaux de sécurité sont irrigués et équipés de buses qui assurent la protection du véhicule contre la chaleur par projection d’eau sur la cabine et les pneumatiques mais aussi sur les organes et tubulures de l’engin.

La tonne en aluminium a une capacité de 6000 litres dont 350 litres sont réservés à l’autoprotection du véhicule. Elle est surmontée d’un bac en inox de 60 litres de produit mouillant.

Dans la cabine un dispositif permet le réglage de la pression des pneumatiques en fonction de la nature du terrain.

L’innovation principale de ce CCFS réside dans l’entraînement de la pompe par une transmission hydraulique qui permet un réglage du débit d’eau et de la pression à la lance indépendamment de la vitesse du véhicule.

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2019 – SDIS Bouches-du-Rhône

CCFS camion-citerne forestier “Super” de 13 000 litres Gallin sur Mercedes-Benz Actros 4146 (8x6x4) des sapeurs-pompiers des Bouches-du-Rhône

La citerne, équipée de brise-lames internes visant à limiter les effets de roulis, comprend trois compartiments recevant un volume de 12000 litres d’eau, un second de 590 litres pour l’autoprotection et un troisième de 450 litres pour l’additif.

La cabine est renforcée par des arceaux intérieurs sur lesquels sont fixés les masques du système de protection respiratoire. En partie centrale de cabine, entre le conducteur et le chef d’agrès, se trouve un support permettant de recevoir deux bouteilles de 6 litres d’air comprimé à 300 bars, alimentant respectivement le dispositif de pressurisation de la cabine, et le circuit d’alimentation en air respirable destiné à l’équipage.

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Le musée des sapeurs-pompiers du Val-d’Oise

Installé dans les anciennes écuries du château de Grouchy, le musée départemental des sapeurs-pompiers bénéficie d’un excellent emplacement dans un parc où la nature, les arts et l’histoire se sont donné rendez-vous

Le musée des sapeurs-pompiers du Val-d’Oise invite les visiteurs à découvrir l’évolution du métier de sapeur-pompier, du XVIII° siècle à nos jours. Les collections exposées, rassemblées avec passion par les sapeurs-pompiers depuis plus de trente ans, racontent l’histoire des soldats du feu.

Une salle, plus particulièrement destinée aux enfants, permet de découvrir une impressionnante collection de jouets dont les plus anciens datent du 19e siècle.

Le musée départemental des sapeurs-pompiers du Val-d’Oise cherche des bénévoles. Nul besoin d’être ou d’avoir été sapeur-pompier pour participer, seuls comptent la disponibilité, la motivation et/ou certains savoir-faire utiles pour l’association.

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« courage et dévouement »

L’effectif des sapeurs-pompiers est de 246.800 dont 40.600 sapeurs-pompiers professionnels (16%), 193.800 volontaires (79%) et 12.300 militaires (5%).

Le nombre de jeunes sapeurs-pompiers (JSP) et de cadets est de 27.800. Les personnels administratifs et techniques (PATS) sont 11.200.

36.000 sapeurs-pompiers sont des femmes, soit 1 sur 7. Elles représentent 16 % des sapeurs-pompiers civils.

« En situation normale, nous avons suffisamment de moyens. Mais nous sommes confrontés depuis plusieurs années à un schéma où notre activité normale augmente sans cesse. Nous avons augmenté le nombre d’interventions de plus 20% en 10 ans », précise Eric Faure, président de la FNSPF (Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France).

Le surcroit d’activité lié à des situations de crise auxquelles ils concourent doit aussi être pris en compte.

En 2022 par exemple 17 sapeurs-pompiers du Val d’Oise sont partis renforcer les équipes qui luttaient contre les incendies des Landes équipés de 3 camions feux de forêts, 2 camionnettes logistiques et la voiture du service médical. L’aide interdépartementale n’est pas la seule. Récemment, le SDIS du Val d’Oise indique que quatre de ses agents sont partis pour 3 semaines au Canada actuellement confronté à des feux d’une rare intensité.

https://actu.fr/societe/pompiers-et-agriculteurs-du-val-d-oise-unis-pour-combattre-les-feux-de-recoltes_52122463.html

https://www.horizons-journal.fr/rencontre-entre-agriculteurs-et-pompiers-du-val-doise

En 2022, la surface brûlée en France (forêts, cultures et espaces naturels) représente 72 000 hectares, occasionnée par 19 711 incendies.

On ne peut terminer cette exposition sans mentionner les moyens aériens dans la lutte contre les feux de forêts. Ceux-ci sont gérés au niveau national, via un centre situé sur la base de Sécurité civile de Nîmes-Garons (Gard). Selon le niveau de risque et l’importance des sinistres, ce centre est chargé de faire la répartition des moyens aériens sur l’ensemble du territoire au plus près des besoins.

La flotte de la Sécurité civile se compose de 12 Canadair (bombardier d’eau), de 7 Dash (bombardier d’eau, transport de matériel et de personnels), de 3 Beech (mission de reconnaissance et de transport) et de 37 hélicoptères Dragon (mission de secours à personne et de transport) répartis dans 23 bases sur l’ensemble du territoire.

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