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Réunion organisée en mairie avec le président du S.I.E.V.A.
Le but de cette réunion était de faire le point suite aux préoccupations citoyennes nées de la publication, en juin 2014, dans le Journal du Conseil Régional “* îledeFrance“, d’un article intitulé : « Eau du robinet en boire ou pas ». On pouvait notamment y lire : « Il est vrai que tous les départements ne sont pas logés à la même enseigne. Ainsi, selon l’UFC-Que Choisir, l’eau contient un taux trop élevé de pesticides à Chambry ou Gesvres-le-Chapitre (77), voire très élevé à Avernes, Sagy ou Longuesse (95) »
Pour Mr. Norbert Lalloyer, président du Syndicat Intercommunal des Eaux de la Vallée de l’Aubette (S.I.E.V.A.), le pesticide en question (l’atrazine) est toujours dans le sol pour de nombreuses années encore : 10 ans, 30 ans, 200 ans ?
Commentaire : L’Atrazine est un herbicide largement employé en France depuis 1960. Son utilisation a été limitée en 1997 puis totalement interdite en septembre 2003. Elle fait partie des pesticides les mieux et les plus longtemps mesurés dans les eaux.
La source de la Douée, comme le forage de Chardronville, est effectivement contaminée. Dans le cadre de la préservation de la ressource en eau, ce dernier a été inscrit “captage prioritaire – Grenelle”, ce qui impose désormais la mise en place de zones de protection et de plans d’actions contre les pollutions diffuses.
Commentaire : Les ministères en charge du Développement durable, de la Santé et de l’Agriculture ont publié sur leur site Internet respectif, une liste des « 500 captages Grenelle » parmi les plus menacés par les pollutions diffuses, notamment les nitrates et les produits phytosanitaires.
La responsabilité de la pollution, est en grande partie à reporter sur la façon de travailler des agriculteurs de la génération précédente, qui maniaient les produits sans protection pour eux-mêmes et selon des dosages très approximatifs, aux dépens de leur santé bien souvent.
Commentaire : Une fois épandue, l’atrazine (A) subit des processus de dégradation de type physico-chimique, par photolyse et hydrolyse, et/ou biologique par les microorganismes du sol et de l’eau. Ces processus produisent essentiellement du déséthylatrazine (DEA), mais aussi du Déisopropylatrazine (DIA), du Déséthyldéisopropylatrazine (DEDIA) et de l’Hydroxyatrazine (HA) – Le DEA est considéré, selon le rapport : La qualité de l’eau et assainissement en France, “comme plus toxique que la molécule mère”.
En 2012 – 2013 le taux de déséthylatrazine s’élevait à 0,18 µg/l (la norme étant 0,10 µg/l), en 2014 le taux était limite au-dessus du seuil, en 2015 le taux est au niveau de la norme. Mais les dernières analyses de la source de la Douée font apparaître une nouvelle molécule la déisopropylatrazine, également métabolite de l’atrazine, non analysée, et dont on ne connaît pas encore le seuil de nocivité.
Commentaire : Dire que « la qualité de l’eau est irréprochable » est un euphémisme.
Une réunion a eu lieu en préfecture le 9 avril 2015 avec les agences de l’eau (AESN : Agence de l’eau Seine Normandie), les collectivités, dix maîtres d’ouvrage et les différents acteurs associés à la protection des captages en eau potable. Lors des tables rondes du Grenelle de l’Environnement, la préservation à long terme des ressources en eau utilisées pour la distribution d’eau potable ayant été identifiée comme un objectif prioritaire, le préfet a attribué 500 000 € pour engager des études sur 10 sites sensibles (puits ou sources contaminées). Un budget de 60 000 € a été attribué au S.I.E.V.A. pour réaliser des actions dans le but d’orienter les agriculteurs vers d’autres méthodes agricoles et d’élargir les périmètres de protection des zones de captage.
La phase de délimitation des aires d’alimentation d’un captage (AAC) et de réalisation de diagnostics territoriaux permettant d’arrêter la zone de protection de l’aire d’alimentation du captage (ZPAAC) est bien avancée. La prochaine phase consiste à mettre en œuvre des programmes d’actions pour assurer la protection effective des captages identifiés en s’appuyant sur la mise en place des mesures agroenvironnementales. Un guide méthodologique d’aide à la construction des actions visant à réduire les pollutions liées à l’utilisation de fertilisants et de pesticides, en zones agricoles et non agricoles, a été coréalisé par les ministères de l’environnement et de l’agriculture. Ce guide est destiné à l’ensemble des acteurs impliqués dans la démarche de protection des aires d’alimentation de captage.
Commentaire : Comme je le mentionnais dans l’article précédent : « Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE) du bassin de la Seine : la source de la Douée et le puits de Chardronville » https://www.regard-sur-sagy.fr/schema-directeur-damenagement-et-de-gestion-des-eaux-sdage-du-bassin-de-la-seine-la-source-de-la-douee-et-le-puits-de-chardronville/ « Prévenir plutôt que traiter, ça coûte moins cher ». Toutefois si l’on prend le puits de Chardronville éloigné de plus d’un kilomètre de toute zone cultivée on voit bien que la plume de contamination l’atteint : c’est le temps de transfert, la vitesse de circulation de l’eau : une nappe qui progresserait seulement de 100 mètres par an parcourrait le kilomètre en seulement 10 ans. Si dans ce laps de temps, le pesticide et ses métabolites n’étaient pas dégradés, la pollution atteindrait forcément le captage. Ce sont donc les agriculteurs, par un changement de leurs pratiques, qui vont être chargés de devenir les protecteurs des captages. Mais quels contrôles ?
Le S.I.E.V.A. mentionne qu’il ne réalise pas d’analyses. Ces dernières sont effectuées à l’initiative de l’ARS (Agence régionale de Santé). Mr Lalloyer indique que les résultats sont affichés en mairie.
Commentaire : A Sagy, les résultats ne sont jamais affichés, qu’ils soient au-dessus ou au-dessous des normes !
La ligne budgétaire de 1 150 000 euros HT, inscrite entre 2010 et 2013 pour le traitement des pesticides (station de traitement), n’a pas été utilisée dans les délais par le S.I.E.V.A., en conséquence, les financeurs (Conseil Général, Régional et Agence de l’eau) n’ont pas crédité cette somme. Dans le nouveau cycle d’études des captages qui redémarre, il se dégage une volonté de travailler sur le long terme en modifiant les habitudes agricoles, l’idée de construire une station de traitement à charbon n’est plus d’actualité, le projet étant jugé trop coûteux par les protagonistes. La priorité a été donnée aux changements de compteurs, de canalisations en plomb et les fuites sur les réseaux.
Commentaire : Il est difficile de se faire une idée précise des politiques mises en place par le S.I.E.V.A. tant les propos sont contradictoires, un délégué explique que les fonds ont été redistribués pour créer une station de traitement (pesticides ou épuration ?), remplacer des compteurs et des canalisations, alors que le S.I.E.V.A. annonce en même temps avoir réalisé un emprunt de 500 000 euros sur 40 ans pour financer ces projets.
En fin de séance le président du S.I.E.V.A. lit la réponse de l’UFC-Que Choisir à son courrier du 15 septembre 2014. UFC-Que Choisir explique que son étude s’effectue d’après les analyses disponibles, sur la base des teneurs limites en vigueur en France, soit 0,10 µg/l pour la déséthylatrazine. Les disparités apparentes de la qualité de l’eau dans les communes desservies par le même captage proviennent de l’absence de données de l’une ou de l’autre de ces communes. Le journaliste d’UFC-Que Choisir conclut sur la reconnaissance scientifique de la déséthylatrazine, comme perturbateur endocrinien, même à très faible dose.
Commentaire : Les principaux effets écotoxiques et écologiques de ce pesticide pourraient venir non de sa toxicité directe mais de ses effets de perturbateur endocrinien. D’autres études ont mis en évidence un lien entre l’atrazine, le cancer du sein et le cancer de la prostate deux cancers dits « hormonaux ». Il semble qu’en Europe, les firmes phytosanitaires n’aient pas cherché à fournir des études complémentaires approfondies sur les aspects toxicologiques et éco-toxicologiques de cette matière active.
CONCLUSION
Monsieur le maire s’est engagé à transmettre à tous les conseillers municipaux conviés à cette rencontre, le rapport de 40 pages qui a été remis par le président du S.I.E.V.A.. Pour le moment nous ne l’avons pas reçu.
Il a fallu plus de 6 mois de « négociations » pour que les élus délégués au S.I.E.V.A. et Mr le Maire, organisent cette réunion. Espérons qu’à partir d’aujourd’hui, la prise de conscience sera mieux partagée et que la communication entre les élus d’une part et entre élus et usagers du service public d’autre part, s’en trouvera améliorée.
Il faut néanmoins rester très vigilant. Une nouvelle molécule, métabolite de l’atrazine, a été identifiée dans les eaux de la source de la Douée : la déisopropylatrazine, sans que l’on sache encore précisément son niveau de toxicité.
Il existe des méthodes pour traiter les eaux avant leur arrivée dans le réseau d’eau potable. Ces moyens curatifs (traitement sur charbons actifs, ultrafiltration…) et palliatifs (changement de ressources, interconnexion), ne peuvent être une solution pérenne car ils conduisent à une augmentation de la facture d’eau et posent la question du traitement des déchets. Il ne peut s’agir que d’actions transitoires, bouées de secours, en cas de persistances de taux de pollutions diffuses dépassant la norme de qualité fixées par la législation en vigueur.
Les ressources en eaux naturelles, précieuses parce que limitées, ne s’obtiendront que par de meilleures pratiques agricoles en amont du captage. Aux citoyens de veiller à l’indépendance du S.I.E.V.A., afin d’éviter les conflits d’intérêts qui empêcheraient la mise en œuvre d’actions préventives. La transparence démocratique est plus que jamais une nécessité sur ce problème de la qualité de l’eau.
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Paradoxalement, selon une étude publiée en 2009 (*), des plantes devenues tolérantes à l’atrazine suite à son usage intensif, ont appris à en dégrader les molécules en les métabolisant grâce à des enzymes de détoxication. Certaines, telle que l’herbacée commune : Lolium multiflorum – Ray-grass d’Italie, plante fourragère (!!), pourraient servir à décontaminer les sols pollués par ce pesticide. En effet, les souches résistantes de Lolium multiflorum testées en laboratoire se sont montrées capables d’accélérer de 20 % les capacités de dégradation de l’atrazine de l’écosystème. Leur implantation dans les bandes enherbées permettrait d’améliorer la dépollution des bassins versants contaminés par l’atrazine.
Cela pose néanmoins une autre question : que fera-t-on d’un fourrage riche en métabolites de l’atrazine, du lait et de la viande ?
“Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme” – Antoine Laurent de Lavoisier (1734 – 1794)
(*) : Luciano J. Merini, Cecilia Bobillo, Virginia Cuadrado, Daniel Corach, Ana M. Giulietti ; Phytoremediation potential of the novel atrazine tolerant Lolium multiflorum and studies on the mechanisms involved ; Environmental Pollution, Volume 157, Issue 11, November 2009, Pages 3059-3063
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Le 13 février 2015, à l’unanimité, le Conseil Général a soutenu les objectifs fixés par le nouveau Schéma Directeur d’aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE) du Bassin de la Seine et des cours d’eau côtiers pour la période 2016-2021 mais émis une réserve concernant l’approbation des objectifs d’état écologique dans la mesure où ceux-ci sont amenés à être revus pour prendre en compte une nouvelle liste de substances toxiques.