Par Franck OLIVIER – Conseiller Municipal à SAGY de 2014 à 2020
Citoyen de proposition

L’eau potable : de la source à la table

———————————————————————————–

Au quotidien «Regard sur Sagy» continue à vous informer sur la page du Journal Citoyen : https://www.regard-sur-sagy.fr/journal-des-59/

———————————————————————————–

L’eau potable : de la source à la table

L’eau distribuée par le SIEVA (Syndicat Intercommunal des Eaux de la Vallée de l’Aubette) sur les communes d’ Ableiges, Avernes, Condécourt, Commeny, Gouzangrez, Le Perchay, Longuesse, Sagy, Tessancourt sur Aubette, Théméricourt, Us, et Vigny provient de la source de la Douée située sur le territoire d’Avernes. Le SIEVA est géré par des élus de chacune des communes qui le composent.

La source de la Douée se trouve en limite de terres de grandes cultures à l’ouest de la commune d’Avernes. Son existence correspond à un contexte géologique très particulier. Le territoire est partagé en deux parties distinctes par la faille dite de « Banthelu » : à l’ouest, des terrains calcaires d’âge tertiaire qui renferment la nappe de l’Eocène, à l’est, le cœur de l’anticlinal de Vigny avec la craie du Crétacé. La faille  liée à la formation de l’anticlinal décale les couches sédimentaires sur une hauteur d’une vingtaine de mètres et met en contact de façon providentielle la nappe Eocène avec une couche perméable : les sables de Cuise, reposant sur une couche imperméable d’argiles plastiques. La source de la Douée est ainsi une particularité, une rareté qu’il faudrait protéger.

On notera la direction d’écoulement de la nappe (flèches bleues) qui, à l’échelle globale, se fait vers et jusqu’à la Seine. L’eau provenant des précipitations et du ruissellement s’infiltre à travers le plateau calcaire occupé par les terres agricoles. Protéger la qualité de l’eau nécessite de délimiter un périmètre de captage respectant les vitesses de transfert de la nappe, sur laquelle pourrait être implantée une aire de culture biologique, par exemple.

Dans le cadre des échanges du Grenelle environnement, la préservation de la ressource en eau potable a été identifiée comme objectif prioritaire de développement durable, la première action qui paraissait essentielle était d’assurer la protection de l’aire d’alimentation des captages les plus menacés par les pollutions diffuses dont celui de la source de la Douée.

Afin de trouver de nouvelles sources, des recherches ont été entreprises sur le périmètre du SIEVA : cinq dans la nappe de l’Eocène et une dans la nappe du Crétacé. Toutefois, aucun de ces tests n’a été concluant en qualité ou en débit et ne permet d’envisager un remplacement de la source de la Douée.

L’eau du robinet, bilan 2017

L’obligation  d’informer les consommateurs, de toute anomalie ayant trait à l’eau potable, rappelée par l’ARS (Agence Régionale de Santé) lors de la transmission des résultats des analyses, n’est pas forcément respectée.

A Sagy, au cours de l’année 2017, les analyses bactériologiques réalisées par l’ARS ont  été conformes aux normes règlementaires, en revanche, les taux de certains pesticides frôlent très souvent la limite de référence fixée à 0,10µg/l et la dépassent à plusieurs reprises.

https://docs.wixstatic.com/ugd/7eef7b_c3b7514f017a42dbb34b0bf0d1e86e70.pdf

Réservoir de Gadancourt : eau distribuée à Saillancourt et Grand Mesnil « Clos des galets »

Réservoir de Vigny : eau distribuée à Sagy « bourg »

En avril 2017, le prélèvement est effectué à Avernes Source de la Douée. Résultats : Atrazine (ATRZ) : 0,020 µg/l, Atrazine Déséthylatrazine (ADET) : 0,098 µg/l, l’Atrazine Désethyl Déisopropyl (ADETD) : 0,069 µg/l.

L’atrazine désethyl et l’atrazine désethyl déisopropyl, dont les taux présents dans l’eau du robinet distribuée par le SIEVA, amènent le ministère de la santé à conclure :

Eau non-conforme à la limite de qualité règlementaire (0,10µg/l) en vigueur pour les paramètres « atrazine-déséthyl » et « atrazine- déséthyl –déisopropyl ». La population alimentée par cette eau doit être informée de cette situation de non-conformité. Toutefois, la valeur sanitaire (0,60µg/l) n’étant pas atteinte, cette eau peut-être consommée sans restriction. Un plan d’action devra être mis en place afin de distribuer une eau conforme à la règlementation.

En 2017, dans le dernier bilan, l’ARS s’exprime différemment :

 L’eau distribuée a été conforme aux normes de qualité règlementaires….à l’exception des pesticides. Compte tenu de l’ampleur limitée de ces dépassements, et au regard des  connaissances scientifiques actuelles, il n’a pas été nécessaire de prononcer des recommandations sanitaires particulières

A noter que si principe de précaution il y a, l’ARS n’entend pas l’appliquer au profit du consommateur mais préfère s’exonérer par avance de toute responsabilité quant aux effets éventuels sur la santé humaine qui pourraient advenir du fait de l’excès de pesticides dans l’eau du robinet.

Ces dépassements récurrents dont l’usager a connaissance depuis une vingtaine d’années, remontent à bien plus loin puisque l’atrazine, herbicide utilisé dès les années 60 n’a été interdit qu’en 2003.

Dans le rapport d’Actualisation du Schéma Directeur d’Alimentation en Eau Potable p.62/138 hydratec / ATC Environnement de mars 2016, diffusé par le Conseil Départemental du Val d’Oise on lit :

Les pesticides

« 60 % des captages de la zone d’étude présentent une bonne qualité au regard des pesticides (pas de détection supérieure à 0,05 μg/l).

Les pesticides sont le problème de qualité le plus important de la zone d’étude : 24 % des captages présentent fréquemment des pics de pesticides supérieurs à 0,1 μg/l. Ces captages sont situés principalement à l’Ouest et au Centre de la zone d’étude. » …

« La qualité de l’eau au regard des pesticides est dégradée pour les nappes de la craie et du Lutétien. » ce qui correspond au site géologique de la source de La Douée.

Il est demandé aux élus de diffuser l’information au public dans la mesure où la consommation de ces produits comportent des risques pour la santé humaine en général, mais surtout pour les  personnes particulièrement exposées ou fragiles comme les femmes enceintes et le bébé qu’elles portent. A Sagy les analyses ne sont plus publiées sur le site de la mairie et affichées au village que très irrégulièrement, et de préférence quand elles sont conformes aux normes.

Le problème réside dans le dépassement occasionnel du taux d’un pesticide dans l’eau, mais s’amplifie considérablement du fait des interactions entre les diverses substances chimiques que nous ingérons, le temps que nous mettons à les éliminer, et leurs combinaisons multiples avec la chimie propre au corps humain. 

La carte ci-dessous mise à jour en juin 2017 montre que l’étude afférente au captage de la source de la Douée reste au point mort.

Dans la brochure « Fiches descriptives des actions du Schéma départemental de l’alimentation en eau potable »  du Val d’Oise mise à jour en juin 2017 on peut lire :

« Pour le captage Source de la Douée, le traitement des pesticides ne sera à envisager que si la nouvelle ressource envisagée par le SIE de la Vallée de l’Aubette présente des problèmes de qualité et/ou est insuffisante pour assurer les besoins du syndicat. »

Or le rapport de diagnostic de l’eau potable et hydrogéologique, réalisé par la SCE en octobre 2015, révèle que sur les 6 forages effectués sur le territoire du SIEVA, aucun ne présentait une eau aux normes de potabilité.

https://docs.wixstatic.com/ugd/7eef7b_816d3b785f174fabba5244f11444c37d.pdf

Toutefois, pris dans une démarche collective, les élus réunis en AG du SIEVA le 15 juin 2017 s’engagent dans un programme d’actions dont l’objectif vise à la protection des captages sur le territoire du Vexin :

  • Maîtriser les risques de pollutions ponctuelles,
  • Limiter les transferts par ruissellement,
  • Réduire la pollution diffuse azotée
  • Suivre l’évolution des nitrates. 

Le contrat d’animation auquel adhèrent aujourd’hui la plupart des syndicats du Vexin sera financé en grande partie par le bassin Seine-Normandie (80%), le conseil régional et le conseil départemental. La part non-subventionnée fait l’objet d’une convention de partage et de gestion des fonds dédiés à la protection des captages du Vexin Français sur la période 2017-2024, signée le 15 mars 2018, dont le SIEVA est le coordinateur.

Néanmoins en 2018 encore, des dépassements  de taux de pesticides ont été constatés en février, mars, avril et juillet.

Précédents articles sur l’eau :

Demander en mairie de SAGY : le rapport annuel 2017 publié par L’ARS “qualité des eaux destinées à la consommation humaine, unité de gestion et d’exploitation : SIEVA, commune : SAGY”.

Conclusion et avis sanitaire de l’ARS Ile de France :

L’eau distribuée au cours de l’année 2017 a présenté une qualité microbiologique conforme aux exigences de qualité règlementaire.

Elle est restée conforme aux exigences règlementaires fixées pour les paramètres physicochimiques analysés dans le cadre du contrôle sanitaire à l’exception des pesticides.

En effet les non-conformités suivantes ont été recensées en 2017 :

– Deux dépassements de la limite de qualité pour l’atrazine desethyl sur douze analyses réalisées.

– Quatre dépassements de la limite de qualité pour l’atrazine desethyl déisopropyl sur douze analyses réalisées.

Commentaires fermés.

Archives